Etude géochronologique du volcanisme de la Basse Terre de Guadeloupe et des structures liées aux déstabilisations de flancs aux Petites Antilles

Julia Ricci , Xavier Quidelleur, Pierre Lahitte et Agnès Samper

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L’arc insulaire des Petites Antilles résulte de la subduction de la lithosphère océanique Atlantique sous la bordure est de la plaque Caraïbe. Une vingtaine d’îles s’alignent sur près de 850 km entre les Grandes Antilles au nord et les côtes vénézuéliennes au sud.
Au nord de l’île de la Martinique, l’arc se divise en deux branches distinctes. La branche est représente l’arc externe aujourd’hui éteint, tandis que l’arc récent actif se situe cinquante kilomètres plus à l’ouest

Reconstruction de l'histoire éruptive de l'ensemble de la Basse Terre

L'île de Basse Terre, localisée dans l'archipel guadeloupéen, est l'une des plus grandes îles (950 km2) de l'arc insulaire des Petites Antilles.

Quatre massifs volcaniques forment l'île entre ses extrémités Nord et Sud. La partie Sud de l’île, où se situe le dôme actif de la Soufrière, concentre actuellement l’activité volcanique. Une étude de la répartition spatio-temporelle du volcanisme de l’île de Basse-Terre a été réalisée au laboratoire de Géochronologie-IDES d’Orsay par la méthode de datation K-Ar Cassignol-Gillot.

Par la datation de coulées de laves prélevées sur l’ensemble de l’île, nos âges permettent de contraindre précisément l’extension temporelle de chaque massif volcanique. Le volcanisme effusif sub-aérien s’initie, il y a 2.8 Ma, au Nord de l’île. Le Complexe Basal est daté entre 2.8 et 2.7 Ma. Après une période de repos de 900 ka maximum, la Chaîne Septentrionale prend le relais de l’activité au sud. Un tiers de l’île se construit ainsi suivant une direction préférentielle NNW-SSE, entre 1.8 et 1.15 Ma. 100 ka après la fin d’activité de la Chaîne Septentrionale, la Chaîne Axiale se met en place au Sud de cette dernière. Contrainte entre 1 Ma et 435 ka, elle connaît au cours de son histoire un ou plusieurs épisodes d’effondrement de flanc, rapidement suivis par des phases de reconstruction. Enfin, le massif de la Grande-Découverte-Soufrière est contraint entre 205 ka et l’actuel. Nos âges, qui viennent compléter des études géochronologiques préalables réalisées par la même méthode K-Ar (Blanc, 1983 ; Carlut et al., 2000) permettent de souligner des pics d’activité effusive à 130, 110, 80-60, 30 ka pendant lesquels se construisit l’ensemble du massif de Grande-Découverte-Soufrière-Madeleine. Quelques âges zéro obtenus autour du volcan de la Madeleine permettent d’étendre la zone d’activité volcanique actuelle à l’extrémité sud de l’île. De fait, ceci nous amène à considérer l’aléa volcanique dans une zone qui n’est plus restreinte uniquement au dôme de la Soufrière et à son voisinage immédiat, mais à l’étendre jusqu’au Sud de l’île dans la zone des massifs de La Madeleine et de Trois-Rivières.

Détails:

  • Samper, A., Quidelleur X, Lahitte, P. and Mollex, D., 2007. Timing of effusive volcanism whithin the whole Basse Terre Island (Guadeloupe, F.W.I.) from new K-Ar Cassignol-Gillot Ages. Earth Planet. Sci. Lett., 258: 175-191.
  • Samper, A., Quidelleur X, Komorowski, J.C., Lahitte, P., Boudon, G. K-Ar constraints on the volcanic evolution of the Southern Basse Terre Area during the last 300 kyr. J. Volcanol. Geotherm. Res., 187 : 117-130.

Géomorphologie quantitative: calcul des taux de construction et d'érosion

 

Les déstabilisations de flancs aux Antilles

Les Petites Antilles constituent une zone à hauts risques volcaniques, auxquels s’ajoutent les phénomènes de déstabilisation de flancs liés ou non aux mécanismes éruptifs. Ces événements de déstabilisation ont un grand pouvoir destructeur (avalanches de débris, effet de souffle (blast) et tsunamis) essentiel à prendre en compte dans l’évaluation des risques volcaniques aux Petites Antilles. Par leur fort pouvoir érosif, ils ont contribué au remodelage régulier de la surface des îles.

 Leur identification et datation par Potassium-Argon permet de contraindre les épisodes rythmant la vie des édifices volcaniques antillais : les phases de construction (mise en place de dômes et coulées de laves) alternant avec les phases de destruction (déstabilisation). Nous sommes intéressés à la datation de structures de déstabilisation sur les îles de Sainte-Lucie (structure de Qualibou), de la Dominique (structure de la Soufrière), et de la Martinique (structure des Carbets). Ces datations nous permettent de reconstituer l’évolution volcano-structurale, afin de mieux appréhender les risques volcaniques liés à ces structures aux Petites Antilles.

Détails:

  • Samper, A., Quidelleur X, Boudon, G., Le Friant, A., Komorowski, J.C., 2008. Radiometric dating of three large volume flank collapses in the Lesser Antilles arc. J. Volcanol. Geotherm. Res., 176: 485-492.