L'événement Laschamp dans les laves de la Chaîne des Puys

G. Guérin, J.P. Valet

 

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Notre connaissance des excursions concerne principalement celles qui se sont produites durant le dernier million d'années. Comme pour les inversions, elles sont associées à une très forte décroissance de l'intensité du champ, ont vraisemblablement des durées identiques et sont donc souvent interprétées comme le résultat d'inversions avortées.

Les excursions sont très difficiles et délicates à étudier. En premier lieu, pour des raisons liées à la fidélité des enregistrements sédimentaires elles ne peuvent être identifiées avec confiance que dans des séries volcaniques. Lorsque l'on examine la base de données actuelle, on remarque qu'il existe beaucoup de directions déviant de façon significative des directions attendues pour les polarités normale ou inverse et qui peuvent être associées à des excursions. Les excursions sont d'autant plus difficiles à échantillonner qu'à l'instar des inversions elles se produisent pendant des périodes très brèves mais les dernières se reconnaîtront toujours par un changement de polarité (même en l'absence de directions transitionnelles dans la série volcanique). A défaut d'obtenir des enregistrements complets dans les séquences volcaniques, il est sans doute même encore délicat d'affirmer si le champ ne se renverse pas en fait complètement mais sans restauration du dipôle dans l'autre sens et donc sans préserver la polarité.

L'événement découvert dans les coulées de la chaîne des Puys à Laschamp et Olby par Bonhommet et Babkine (1967) est sans doute le plus célèbre parce que ce fut la première excursion observée pendant la période de Brunhes. Il semble acquis que les directions d'aimantation anormales de ces coulées ne sont pas liées à des phénomènes d'auto-inversion suggérés par Heller and Petersen (1982) mais correspondent bien à une période de forte instabilité du champ pour plusieurs raisons. Des directions anormales ont été rapportées dans une autre coulée voisine à Louchadière (Chauvin et al, 1989). Les âges obtenus de façon indépendante par carbone 14, thermoluminescence et potassium-argon (K/Ar) pour les trois coulées sont compris entre 36 ± 4 et 42 ± 5 ka et correspondent à une période de faible intensité du dipôle géomagnétique. Les barres d'erreur se recouvrent et il est pour l'instant encore impossible de distinguer clairement la succession temporelle des 3 coulées mais la similitude des âges suggère que toutes les directions anormales sont bien associées au même événement. Cette hypothèse est renforcée par les études de paléo-intensité (Salis et al, 1989 ; Chauvin et al, 1989) qui ont montré que que les coulées de Laschamp, Olby et Louchadière ont enregistré la même intensité du champ (7.7 ± 1.6 mT).

Notre étude repose sur l'acquisition de données paléomagnétiques détaillées et sur la détermination de nouveaux âges concernant de nouveaux affleurements. Afin de bien contraindre les âges les méthodes de datation par K-Ar et par thermoluminescence sont utilisées simultanément. Nous utiliserons également des âges obtenus récemment et contemporains du Laschamp. L'ensemble des coulées (datées ou à dater) couvrant cette période permettra d'obtenir un enregistrement en direction et en intensité avec une bonne résolution temporelle. La période comprise entre 15 et 60 ka fait le lien entre l'archéomagnétisme et les enregistrements du champ à long terme portant sur des centaines de milliers d'années. Nous espérons pouvoir préciser l'évolution de la structure du champ moyen durant cette période. Nous espérons également, grâce à l'acquisition de nouvelles coulées transitionnelles mieux contraindre la structure de l'événement du Laschamp, déterminer si le champ s'est renversé complètement, en combien d'épisodes, si il existe des signes précurseurs de l'événement et comment s'effectue la restauration du dipôle.

L'événement Laschamp dans les laves de la Chaîne des Puys, en noir les coulées dont le paléomagnétisme indique une direction du champ terrestre inverse de l'actuel, en grisé celles indiquant une direction intermédiaire.