La dernière inversion du champ magnétique:

la transition Matuyama-Brunhes

X. Quidelleur, J. Carlut, V. Soler, J.P. Valet, P.Y. Gillot

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L’étude paléomagnétique et radiométrique menée sur plusieurs coupes de La Palma (Iles Canaries) nous a permis d'obtenir des enregistrements indépendants de la dernière inversion du champ, la transition Matuyama-Brunhes.

Les Pôles Géomagnétiques Virtuels des coulées Inverses et Normales immédiatement précédant ou suivant la transition de polarité enregistrée dans ces coupes (ME, BN, BS, MO et BA) sont représentés ci-dessous.

Les âges K-Ar obtenus pour les coulées prochent de la transition suggèrent une durée entre 0 et 11 kyr et donnent un âge moyen de 786 ± 3 ka (incertitude analytique, i.e. sans prendre en compte l'incertitude du standard) pour l’inversion Matuyama-Brunhes.

Cet âge est significativement plus vieux que l’âge précédemment admis de 779 ± 2 ka dérivé à la fois de séquences volcaniques et océaniques. En incorporant l’incertitude de 1% sur le standard de calibration utilisé lors de cette étude, notre âge pour la transition enregistrée à La Palma devient 786 ± 8 ka.

Nous avons recalculé les âges Ar/Ar des études précédentes en utilisant les nouvelles valeurs des standards récemment proposés par Renne et al. (1998) et Baksi et al. (1996). La base de données ainsi constituée comporte 23 déterminations (10 K-Ar et 13 Ar/Ar (Baksi, 1992; Singer et Pringle, 1996)) dont la moyenne pondérée par l’inverse de la variance donne un âge de 789 ± 2 ka (incertitude analytique), ou 789 ± 8 ka (incertitude totale). En tenant compte de cette barre d’erreur, qui doit être considéré comme une estimation minimale, cet âge demeure compatible avec la détermination de 779 ± 2 ka déduite de la calibration astronomique (Tauxe et al., 1996). Cependant, cette étude suggère qu’un meilleur contrôle de la profondeur de blocage de l’aimantation dans les sédiments marins, ainsi qu’une meilleure estimation des incertitudes mises en jeu dans le « tuning » des enregistrements des isotopes de l’oxygène avec les modèles d’insolation calculés à partir des paramètres orbitaux de la Terre, sont nécessaires pour encore améliorer la datation des intervalles de polarité magnétique par cette méthode. Finalement, cette étude montre que les incertitudes liées aux méthodes radiomètriques K-Ar et Ar/Ar ne pourront être diminuées que par la réduction des incertitudes liées aux standards d’âges.

(voir détails dans: Quidelleur et al., 2003)